Récap 2024 et joyeuses fêtes!!
Allô!
Je sais, ça fait un bail. 2024 en a été une particulière. Je ne sais plus ça fait combien de temps que je n'ai pas publié quelque chose sur les réseaux sociaux. Ma relation avec ces outils de travail est parfois compliquée, et je sais que je ne suis pas la seule artiste à trouver difficile d'y naviguer. Ceci dit, je prends tout de même un moment pour faire un retour sur cette année haute en émotions et vous partager mes quelques réflexions sur la suite des choses :)
Le 14 janvier dernier, dans un petit bain de larmes, j'ai fait le dépôt de ma thèse de doctorat. Cette aventure aura duré dix ans de ma jeune vie adulte. De 27 à 37 ans, pour être juste. Pourquoi ces larmes, me direz-vous? Un mélange de soulagement et surtout, de beaucoup d'émotions négatives à mon propre égard, parce que quand on arrive au terme d'un aussi long projet, on se rend compte de tout ce qu'on aurait aimé faire différemment tout en sachant qu'il est trop tard pour tout recommencer. Et c'est confrontant, surtout quand on est tombé dans la marmite du vilain perfectionnisme quand on était petite. Je vous rassure, près d'un an plus tard, j'ai fait la paix avec cette partie de l'histoire. Exercice d'humilité et de recadrage franchement intéressant.
J'ai commencé ce projet-là en 2014, parce qu'au sortir de ma maîtrise en interprétation musicale profil ACI (auteur-compositeur-interprète), j'avais beaucoup de questions. Le programme étant naissant à l'époque, on ne faisait donc qu'effleurer de larges concepts en lien avec l'écriture de la chanson. Je trouvais qu'il restait une grande part de mystère dans ma perception du travail de création et je voulais mieux la comprendre, la déromantiser, et surtout, la rendre accessible. Je ne voulais plus qu'écrire une chanson soit un coup de dé; parfois c'est bon et d'autres fois non. J'étais ennuyée par l'idée qu'on se construit souvent autour de l'artiste créateur, soit qu'il est tombé dedans quand il était petit et c'est tout. J'avais le sentiment que même si en effet, l'un possède certainement des déterminations à réussir ou non dans tel ou tel domaine, il peut, avec de la persévérance, de la curiosité et beaucoup de travail, apprendre à créer ou, à tout le moins, y devenir plus habile. J'ai donc étudié les stratégies d'écriture de la chanson sous l'angle du pouvoir d'évocation en m'inspirant du travail de singer-songwriters d'influence folk et cela m'a, en effet, donné de précieux outils que j'ai la chance de partager avec mes fabuleux étudiants à la maîtrise ACI de l'Université Laval.
Pendant les quelques mois qui ont suivi mon dépôt initial de thèse, j'ai cru bon terminer mon premier album solo en compagnie de mon grand ami Guillaume Tondreau. Drôle de plan, me direz-vous. J'aurais évidemment pu attendre d'avoir fini mon doc pour mener à terme cet autre énorme projet. Mais tant qu'à se mettre dans la merde, aussi bien y plonger jusqu'au cou. Ça a eu le bénéfice de m'empêcher de stresser pendant les 2-3 mois que dure la lecture de thèse par le comité évaluateur. Ça a eu le désavantage que j'ai manqué de gaz en maudit pour faire la promotion de cet album-là, mais j'y reviendrai. Ce fut donc un printemps consacré aux dernières prises de son, mais surtout, à l'exploration sonore et aux choix artistiques.
Cinq semaines plus tard était prévue la sortie de mon premier album complet. On aurait aimé qu'il sorte plus tôt, on avait prévu mars parce que juin ce n'est pas tant une bonne saison pour publier un album titré "Les journées grises", mais le processus est toujours plus long et complexe qu'on ne le croit, et on a eu quelques enjeux de réalisation qui ont fait qu'on a dû prendre davantage notre temps. Ces dix chansons-là, je les ai autoproduites, c'est-à-dire que c'est mes contrats de musicienne qui l'ont payé. J'ai la chance d'avoir pu faire ça à équipe réduite (et donc à frais réduits), mais j'ai honnêtement manqué de moyens, d'énergie et de temps pour en faire la promo adéquatement, ce qui, vous en conviendrez, n'est pas yable. Ça aurait au moins pris un vidéoclip, une équipe marketing, une équipe de relations de presse, et un lancement, mais rien de tout ça n'est arrivé. J'espérais que mes chroniques à la radio aient un peu d'écho, mais je ne l'ai pas véritablement senti. Je ne sais pas qui a écouté ces chansons-là en dehors de ma famille et de quelques amis proches, mais je suis quand même contente qu'on les ait sorties, parce que le tour de la roue a été fait une fois et que la prochaine sera sans doute plus facile. En 2024, j'ai appris à être coarrangeure et coréalisatrice, ce qui est quand même chouette. J'aurais souhaité plus de visibilité pour les chansons des "Journées grises", parce que je les trouve belles. Mais mettre de la musique au monde, c'est un peu ça. Des fois ça se passe bien, pis des fois on jongle avec des circonstances qui sont moins évidentes.
La suite de l'année a été un pas pire tourbillon dans lequel je n'ai pas vraiment eu l'impression de me déposer. Ça a pris quelques mois, avant que je réussisse à être fière de ce que j'avais accompli et avant que je réalise que je n'allais plus jamais ne PAS être docteure. Je suis contente. En 2019, j'avais décidé de ne pas terminer mon doc parce que je pleurais chaque fois que j'ouvrais mon ordinateur et que je souffrais d'eczéma sur les paupières (oui oui, j'avais l'air d'un petit raton). Je suis donc d'autant plus reconnaissante envers la Maude de 2019 qui a décidé de prendre un break et d'aller chercher un support psychologique, et aussi envers la Maude de 2022 qui a choisi de se faire confiance et de se rendre au bout.
C'est un drôle de domaine, la musique. Mes collègues vous le diront tous, c'est un métier exigeant dont on ne contrôle presque rien. L'industrie a beaucoup changé dans les dernières années, et suivre le cap représente tout un défi. La création demande beaucoup de temps libre, demande qu'on s'ennuie, qu'on s'arrête. Mais elle nécessite aussi beaucoup de ressources humaines, parce que ça prend toute une équipe pour que ce qu'un artiste crée puisse prendre forme. C'est une mathématique que je qualifierais de plutôt paradoxale.
Je ne sais pas encore ce qui m'attend pour 2025. C'est une drôle de période. Je me souhaite de saisir les opportunités de partager les connaissances acquises pendant mon doc, parce que ça serait quand même dommage de ne pas les faire rayonner. Je me souhaite d'aller à votre rencontre et de vous faire découvrir mes chansons, si ça vous tente... ce qui revient aussi à me souhaiter d'avoir su piquer votre curiosité à l'égard de mon art. Je me souhaite de chanter dans de beaux mariages parce que depuis toujours, ce sont les contrats que je préfère. Je me souhaite surtout du temps pour m'ennuyer.
À vous, je souhaite de la belle musique pour accompagner vos futurs souvenirs ensemble, parce que c'est tout ce qui compte, finalement.
Bonne et heureuse année 2025 à tous et à toutes :)
P.S. Je me suis crinquée et je me suis refait une beauté au www.maudecarrier.com
P.P.S. Ma thèse de doctorat est maintenant disponible ici: https://ulaval.on.worldcat.org/oclc/1439690711
Commentaires
Enregistrer un commentaire