Musicienne professionnelle ? Pourtant je ne t'ai jamais vu à la télé...


Pour ce premier billet, j'ai eu envie de démystifier un peu mon métier. À force de discussions avec des gens hors du milieu, je réalise que ma profession est étonnamment méconnue. Souvent, on a l’impression que vivre de la musique, c’est être une vedette qui gagne des Félix à l’ADISQ, ou être quelqu’un qui n’a pas réussi à s’y rendre et qui joue par dépit dans des sous-sols crasseux pour 50$ et 2-3 pintes de bière flat. Mais ce qu’on ne sait pas, c’est qu’il y a tout un monde entre les deux. Je vous propose donc de m’accompagner dans un tour d’horizon de ma profession de "gigueuse", comme on dit dans le jargon (ça provient du mot anglais "gig", qui signifie "contrat ponctuel"). C'est un métier tout à fait différent de celui d'autrice-compositrice-interprète, que je pratique aussi même si dans mon cas, les deux cohabitent. Je vous en reparlerai d'ailleurs dans un prochain billet, mais la raison pour laquelle je tenais d'abord à vous parler de cette facette de mon métier, c'est qu'elle est la plus mécomprise de toutes. Eh oui, il y a vraisemblablement moyen de gagner sa vie de cette manière ! En plus, je vous jure que je mange autre chose que des toasts au beurre de peanuts (Ok, j'en mange vraiment souvent, mais je vous assure que c'est simplement parce que je suis une grande amatrice de tartines en général #glutenlover).

D'abord, je suis chanteuse et guitariste, et mon travail consiste à jouer de la musique dans divers événements privés et corporatifs, ainsi que dans des festivals, bars, restaurants, mariages, funérailles, etc. On m'engage pour permettre aux gens qui seront sur place de passer un moment inoubliable grâce au pouvoir de la musique. J'offre des formules en solo (guitare et voix), duo, trio ou band (ajout de percussions, basse et autre guitare/voix). Selon le type d'événement pour lequel on m'engage, j'adapte le plus possible mon répertoire et tente de bien cibler le besoin de chacun de mes clients afin que les invités présents soient divertis et touchés. Dans une même journée, je peux interpréter du Jean-Pierre Ferland dans un mariage, du Norah Jones dans un cocktail, et du Guns n Roses dans une soirée. Mon répertoire compte près de mille chansons anglophones et francophones, des années 1950 à aujourd'hui.

J'aime qu'on prenne un moment ensemble pour la musique, mais je sais très bien me fondre au décor lorsque le besoin est celui d'une musique d'ambiance. Voici une liste non exhaustive de circonstances dans lesquelles je suis couramment appelée à jouer :

- Lors de mariages (cérémonie, cocktail, souper, soirée)


- Lors de partys corporatifs (Noël, événements reconnaissances, party annuel, etc.)


- Chez vous (party piscine, anniversaire d'un proche ou de mariage, BBQ annuel...peu importe la raison pour laquelle vous voulez vous réunir et faire la fête)


- Dans des festivals ou des Expos partout au Québec


- Dans une cérémonie de funérailles (parce que ça fait du bien)


- Dans des restaurants et des bars (pour divertir la clientèle et vous donner envie de boire un verre de plus)


- Pour des événements organisés par des villes ou des municipalités (pour animer la vie communautaire)



Je trouve important de souligner que contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce ne sont pas tous les musicien.nes professionnel.les pour qui jouer au Centre Bell ou à l'Olympia de Paris est l'ultime ambition. Évidemment, je vous mentirais si je vous disais que ça me déplairait d'y jouer (pas plus folle qu'une autre !). Mais personnellement, quand j'ai choisi d'aller étudier en musique, mon unique ambition était celle d'être payée pour faire ce que j'aime le plus, que ce soit à Osheaga ou pour le BBQ de Sylvie et Bernard. 


D'ailleurs, un fait divers souvent méconnu à propos des gens comme moi, c'est que la plupart du temps, les artistes que vous entendez jouer dans vos événements corporatifs et privés ont fait des études poussées en musique. Par exemple, mes collègues et moi avons toustes un DEC, un BAC ou une maîtrise en musique. Je suis d'ailleurs en train de terminer mon doctorat (brag !) en musicologie. La raison pour laquelle on coûte parfois si cher à engager, c'est qu'on est des experts certifiés (et je vous jure que ça fait véritablement la différence en matière de qualité de prestation). Aussi, nous sommes toustes travailleurs.euses autonomes et gestionnaires de notre mini entreprise. Lorsqu'on se fait approcher pour un événement, on prend tout en charge de A à Z (l'administration, le service client, la technique, la gestion du répertoire, la prestation, etc.). On peut dire qu'on s'éloigne un brin du bon vieux cliché du musicien-hippie-mêlé-portant-un-foulard-24-7. 


Même si c'est un peu moins glamour que de jouer dans de grosses salles, pratiquer notre métier en passant un peu plus sous le radar comporte certains avantages. Voici quelques exemples :



- On fait plusieurs spectacles publics par semaine, mais on peut aller à l'épicerie les cheveux sales sans se faire reconnaître.


- Les gens n'ont aucune attente envers nous, mais on les rend heureux quand même. 


- Moins de followers = moins de trolls potentiels = moins d'anxiété.


- Nous avons la chance d'avoir une proximité particulière avec le public et recevons donc beaucoup de beaux commentaires de vive voix pendant et après nos prestations.



Bien sûr, tout n'est pas toujours rose, et œuvrer loin du Star Système vient systématiquement avec des inconvénients :



- Nous n'avons pas de garde du corps pour gérer les gens trop saouls qui deviennent parfois insistants. 


- Lorsqu'on nous engage uniquement pour faire de la musique d'ambiance, il se peut qu'on ne reçoive aucun applaudissement pendant une soirée entière. Rationnellement ça va. Émotivement, on passe notre soirée à remettre notre talent en question.


- Il arrive (malheureusement) que certains soient en colère contre nous parce qu'on ne connaît pas leur chanson préférée ou qu'on ne peut pas les laisser prendre notre place sur le stage.


J'ai d'ailleurs l'intention de parler plus en profondeur du dernier point dans un prochain billet, parce qu'il arrive qu'on doive imposer certaines limites à nos clients ou nos spectateurs, mais qu'on n'a malheureusement pas toujours l'occasion d'expliquer les raisons qui nous forcent à le faire.


En écrivant ces lignes, je m'étonne moi-même du nombre de choses que j'ai à dire sur ce merveilleux métier. Je ne veux pas éterniser ce premier article, mais je bourdonne d'idées pour la suite. D'ailleurs, si vous avez des questions à me poser par rapport à ma profession ou à mon parcours, il me ferait plaisir d'y répondre dans un billet éventuel. N'hésitez pas à m'écrire dans l'espace dédié à cet effet au bas de la page. 


À bientôt !


Pssst ! Vous voulez écouter mes chansons, me suivre sur les réseaux sociaux ou visiter mon site internet ? Tous les liens dont vous avez besoin sont juste ici. Merci :)





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